Les établissements de la vague D ont eu une drôle de surprise, une circulaire du ministère les a informé de la fin de la labellisation des Équipes d’Accueil (EA) pour eux cette année et pour tous en 2020. Plus de reconnaissance ministérielle des activités de recherche de ces groupes. L’argumentation du ministère est très fallacieuse, consistant à parler d’une politique donnant encore plus d’autonomie aux universités. Les universités et leur président, enfin vrai chef d’entreprise, pourront ainsi déterminer librement les structures de recherches qu’elles entendront reconnaître et financer, mais aussi celles qu’elles pourront éliminer ! Mais tout cela avec quel argent, le ministère ne le dit pas et pour cause.
Recherche sous tutelle
En dehors de l’aspect financier, plus dramatique encore seront les arbitrages locaux avec une mises sous tutelle de la recherche et de l’enseignement supérieur par le marché, à la botte des bureaucrates et des économistes locaux. Fini les enjeux scientifiques extra-économiques, plus de critères nationaux qui étaient plus ou moins homogènes mais jusque là respectés, à la place un assujettissement aux industriels et aux bassins d’emplois locaux. Les laboratoires SHS vont souffrir, mais pour les sciences molles, comme la biologie marine au Mans, l’avenir est dans les rillettes pour pas dire dans les choux !
Unités locales
D’après le ministère, ces nouvelles équipes ou unités locales seront quand même évaluées par l’HCERES et pourront accueillir des doctorants, mais quid des bourses ? Sans bourses ni financement leur existence risque d’être précaire, la seule solution sera de candidater puis d’émarger sur des appels d’offres régionaux, nationaux ou européens, mais l’absence de label risque d’être rédhibitoire déjà que précédemment, on nous le reprochait maintenant cela va être pire. J’ai peur que la référence à une université mondialement connue et renommée comme « Le Mans Université » risque d’être insuffisante alors que l’ancienne appellation «Université du Maine » en anglais laissait planer une certaine ambiguïté.
Une régression
Si cette évolution, pardon régression, ne pourrira pas trop la fin de carrière de la génération des cinquantenaires qui vont avoir un argument tout trouvé pour se laisser glisser jusqu’à la retraite en se consacrant à leur enseignement et en ne faisant plus de recherche. Pour les jeunes collègues récemment recruté.es dont la carrière est en devenir, cette situation risque d’être catastrophique, une génération de jeunes chercheurs sacrifiée sur l’hôtel de l’ultra-libéralisme macronien. Une nouvelle fois la politique scientifique, comme le reste, de ce gouvernement est inacceptable et navrante !