Lors des déplacements d’Emmanuel Macron dans les campagnes françaises pour initier son grand débat, des dispositifs impressionnants ont été mis en place pour assurer sa sécurité et surtout éviter toute manifestation des gilets jaunes. Dans les villages retenus, la circulation a été réduite par la présence de barrages filtrants à l’entrée et surtout par l’interdiction de porter un gilet jaune, sous peine d’écoper d’une amende de 135 euros.
Macron, en lançant ce grand débat national, pour le moment réservé aux élus, veut réduire au silence l’immense majorité des Français qui ne sont rien (ni élu, ni chefs d’entreprises, etc.). Avec deux rencontres par semaine de plusieurs heures devant des maires triés sur le volet, cela s’apparente à une performance, un one-man-show. Dans le style c’est une sorte de marathon qui fait penser à du théâtre d’improvisation pour le principal acteur qui a fait du théâtre dans sa jeunesse avec madame comme prof et cela se voit.
Ce n’est pas vraiment un débat dans la mesure où c’est une suite de questions/réponses, mais c’est toujours le même qui parle, où sont les échanges ? Le système est biaisé du fait de la présence permanente de Macron et des ses sbires et ce qui devrait être un débat entre français s’apparente plus à un début de campagne de LREM en vue des européennes. Pourtant la campagne pour les européennes est loin d’être commencée, mais se pose pour les autres partis alors le problème des comptes de campagne du parti présidentiel : le coût de ces réunions qui s’apparente pour certains à des meetings sera-t-il pris en compte et à partir de là, combien ça coûte ces shows présidentiels ?
Le président devrait de rendre compte que la cause de la crise politique c’est, entre autre, sa façon jupitérienne d’exercer le pouvoir; il devrait se remettre en question, mais ce n’est pas trop son truc ! Tout d’un coup il s’aperçoit que les maires existent, bien qu’il les ait boudés depuis un an et demi en refusant d’assister, en novembre dernier, au congrès des maires de France et d’y faire un discours comme il l’avait promis l’an dernier; mais les promesses… Par contre dans le même temps il en a invité, plutôt choisi, plusieurs centaines qu’il a reçu à l’Elysée, et auxquels il a parlé, comme un suzerain recevant ses vassaux. C’est quand la révolution ?
Coup d’éclat surprise dans la Drôme, Macron quitte la réunion formatée de maires triés sur le volet pour se pointer, soi-disant de façon impromptue, dans une réunion organisée par son ministre de l’agriculture pro glyphosate avec des gilets jaunes cette fois. Il a répondu à la première question d’un participant avec gilet, mais pendant plus de 10 minutes, noyant le poisson tandis que la salle est restée muette, conciliante écoutant une sorte de bonimenteur en train de leur vendre sa camelote; un papa gâteau « les enfants c’est pas open bar » nous réprimandant comme si nous étions des salles gosses, on croit rêver !
Pendant ce temps là, Chantal Jouanno, présidente de la commission nationale du débat public (CNDP) met les pieds dans le plat. Après avoir démissionné, elle fait remarquer que le débat proposé par Emmanuel Macron est faussé car très éloigné de la méthode proposée par le CNDP et des contraintes qui en aurait résulté comme pas de sujet tabou ou encore pas de président au milieu de la salle. Ce processus qui devait être politiquement neutre a donc été pris en charge par l’Élysée au détriment de la totale impartialité du processus qui aurait dû être la règle, cela risque ni de convaincre ni de rassurer les gilets jaunes. C’est raté, dommage !