Les limites planétaires sont des indicateurs de perturbations au delà desquels la dynamique du système terre s’engage dans une dérive incontrôlable et irréversible qui compromet l’habitabilité de notre planète. Six des neufs limites planétaires sont actuellement dépassées. La plus connue de ces limites est celle du réchauffement climatique qui ne devrait pas augmenter de plus de 1,5 % ; limite facile à comprendre car elle concerne toutes la planète. L’acidification des océans vient récemment de dépasser sa limite planétaire et se rajoute au six précédentes, c’est très inquiétant!
Azote !
Plus ponctuellement la limite planétaire relative à l’azote largement dépassée depuis longtemps résulte de l’industrialisation agricole. Avec le carbone, l’azote est l’élément majeur de la constitution des végétaux. Ce dernier présent dans le sol sous différentes formes combinées (ammoniaque, nitrate, etc) est très mobile et les pertes d’azote par les sols vers l’atmosphère ou dans les eaux de ruissellement sont très importantes ce qui en fait l’élément limitant principal du développement des plantes cultivées.
Symbiose !
Pourtant l’azote sous forme gazeuse est largement présent dans l’atmosphère mais seule une classe de végétaux les légumineuses est capable de l’utiliser par symbiose. En milieu naturel cette fixation d’azote compense les pertes environnementales. Dans le cas des systèmes agricoles les pertes sont importantes par le prélèvement des plantes lors des récoltes l’azote qu’elles contiennent étant emmené loin des sols dont il provient.
Fertilisation !
Pour compenser cela l’agriculteur pratique la fertilisation suivant plusieurs méthodes : la plus traditionnelle est l’épandage des excréments des animaux voire dans certains pays des humains. La rotation des cultures avec alternance de céréales et de légumineuses est une autre possibilité, mais ce qui domine depuis moins d’un siècle c’est l’apport d’engrais azotés de synthèse. L’agriculture est maintenant dépendante de l’industrie chimique et les quantités d’azote répandues par an ont dépassées celles fixées naturellement. Grave déséquilibre qu’il faudrait corriger.
Surplus !
En contrepartie on assiste à une perte environnementale d’azote qui correspond au surplus apporté et non utilisé par les plantes. C’est ce surplus emmené par les eaux de ruissellement qui contamine les nappes phréatiques, les rivières puis les zones côtières maritimes qui sont eutrophisées provoquant les marées vertes. La valeur plafond à ne pas dépasser pour maintenir notre terre vivable est de 60 millions de tonnes par an alors qu’actuellement il est de 130. Nous sommes donc loin de cette limite et devant l’urgence l’objectif est de réduire de moitié les pertes d’azote d’ici 2030. Un vœux pieux !
Réduire la production !
La bonne méthode serait de réduire la production agricole mais comment nourrir les 10 milliards d’êtres humains à venir ? Trois possibilités existent la première est de développer l’agriculture biologique, la deuxième est de reconnecter l’élevage et les cultures en nourrissant les animaux avec les ressources fourragères produites sur place et enfin de réduire la part des produits carnés et lactés de 30 % (contre 65 % actuellement en France) dans l’alimentation humaine. Ce serait bon pour notre santé mais très contraignant.
Agroécologie !
Il a été démontré au niveau européen que seul un tel scénario agroécologique permettrait de réduire de moitié les pertes environnementales d’azote et l’émission des gaz à effet de serre. Le modèle agricole industriel qui cause des perturbations importantes dans le fonctionnement de la planète doit être abandonné au profit de changements structuraux majeurs du système agroalimentaire mondial alliant sobriété, reconnection entre culture et élevage et Agroécologie.